Un jour, alors que l'aube s'étirait peu à peu sur l'étendue du ciel qui se teintait doucement et lentement de orange, rose, marron, rouge, comme les couleurs de l'automne, qui s'approchait elle aussi. Marchant, la tête haute, le regard droit et la chevelure étincelante allant au vent, Shayla s'avançait vers le Désert Gris. Elle voulait passer un moment seule, en écoutant le murmure des pierres sous son pas lent et pesant, entendre le chuchotement du vent à son oreille, frôlant et halant ses cheveux à la rejoindre. Un cri perçant atteint violemment l'ouïe de la jeune vampire: un vautour rodait autour d'elle. Shayla Scaïnoh frémit: ces bêtes n'annonçaient que le malheur et la mort. Ils se précipitent voracement sur les cadavres. Il faut dire que la vampire avait la peau si pâle qu'on aurait pu la croire morte, si elle s'était étendue au sol. Le rapace s'en fut, voyant que sa proie était bien trop mouvementée pour qu'il puisse la dévorer.
Après quelques minutes de marche agréablement douce, l'ombre aidant Shayla à progresser, le désert de rocaille se pointa. S'arrêtant, elle observa cette étendue sombre, grise, sans vie. Pas le moindre oiseau, à part bien des vautours qui scrutait le sol, espérant trouver de la nourriture, pas non plus le moindre animal sur la terre. Ni même arbres et fleurs n'osaient s'intégrer là. Soupirant, la jeune vampire s'assit à l'ombre d'un arbre qui délimitait le Désert Gris et la nature sauvage. Elle se sentait observée. Mais, n'ayant envie de gâcher sa journée, elle n'y fit pas attention, pourtant, quelque part, il y avait bien deux yeux qui la regarder attentivement. Sa robe sombre et encombrante lui tenant chaud, la jeune fille tâcha de l'enlever. Dessous celle-ci, se trouvait une tunique fine et blanche, contrastant avec l'ancien vêtement noir comme les ténèbres. La chevelure dorée, posée sur la robe d'un blanc pur comme une colombe, donnait un air de princesse à une vampire.
Il y avait, dans une des maintes poches de sa robe, une part de gâteau à la framboise que Shayla engloutit goulument.
Le soleil dorant l'horizon venait d'atteindre son zénith, et l'heure était définie. Les yeux voilés par leurs propres paupières, somnolant, Shayla Scaïnoh ne pouvait entendre, se rapprochant, l'inconnu qui l'observait quelques minutes auparavant.
Il était bien là.